Death Valley National Park

Et voilà, on a enfin visité notre premier parc national ! Un vrai de vrai, sec et aride, avec des cactus, de la roche et du désert à perte de vue. Celui où tu te promènes en chapeau, une carte sous le bras, le corps recouvert d’une bonne couche de crème solaire. Depuis le temps que je rêve du bon vieux road-trip, de sillonner le désert, les plaines et les montagnes en enchaînant les parcs nationaux… Mais Rémy n’a clairement pas le temps pour une excursion de deux semaines. Alors, on s’est dit qu’on allait faire étape par étape. Un parc par-ci, un parc par-là. Et notre premier n’a pas été n’importe lequel, puisque, comme vous l’avez déjà lu dans le titre, nous avons visité la VALLÉE DE LA MORT ! Un parc qui donnerait presque la chair de poule. Et ce désert brûlant n’a pas d’inquiétant que son nom puisqu’il se trouve être :

  • l’un des endroits les plus chauds sur terre,
  • le point le plus bas du pays,
  • et le plus grand parc national des États-Unis contigus.

Pour mieux se rendre compte, Death Valley fait à peu près la moitié de la taille de la Belgique en superficie. Il faut plusieurs jours pour visiter ce vaste parc et aussi plusieurs litres d’eau, puisque la température en été se situe entre 45 et 50… ! Et inutile de compter sur le réseau, totalement inexistant, et ce, même avant de rentrer dans le parc. Maintenant que je vous ai raconté l’aspect creepy et excitant de cet endroit, je vous emmène avec nous le temps d’une journée (un peu trop calme) au coeur de la vallée.

En route pour la vallée de la mort, on n'est pas seul !

Dimanche, 10h30, après quelques complications avec l’agence de location, et deux bonnes heures de retard, on quitte enfin Las Vegas. On a loué un SUV, plus pratique pour faire la route à plusieurs et rouler sur les petits chemins de la vallée. Avant de sortir de la ville pour se retrouver en plein désert, on s’arrête acheter de l’eau, des sandwichs et des barres de céréales. A 11h, nous voilà partis pour l’aventure !

Il faut environ 2h15 pour rejoindre le parc mais les premiers kilomètres nous éloignent rapidement de l’agitation de Vegas. On roule tout droit sur des grands axes. Puis ça commence à tourner, à faire quelques zigzags. Nos oreilles se bouchent : on traverse des montagnes. On ne s’en aperçoit pas, mais ça monte. Une fois redescendus, le décor a changé. La route devient plate et monotone. Il n’y a plus rien autour. Seulement le désert et des panneaux publicitaires. A mi-chemin, on tombe sur une ville, au milieu de nulle part. Quelques habitations, un circuit et des commerces. On fait le plein d’essence, le dernier avant l’entrée dans la vallée. On ressort très vite de la ville. Il n’y a plus rien, même les panneaux publicitaires ont disparu. On est maintenant en Californie, on se rapproche de l’entrée du parc et le mot désertique prend alors tout son sens. Des plaines arides à perte de vue, des montagnes rocheuses en arrière plan, et au centre, la chaussée qui s’étend à l’horizon. On s’arrête sur le côté pour prendre des photos. Dans son 4×4 sorti tout droit du désert, un monsieur bienveillant s’arrête pour nous demander si nous avons besoin d’aide ! Tout va très bien, on veut juste immortaliser l’instant.

Twenty Mule Canyon

On arrive une petite demi-heure plus tard. Pas de chaleur écrasante, il fait seulement 28℃ ! On entre par la Death Valley Junction où on paye les 25 dollars d’entrée sur une vieille machine qui a su résister au temps et à la chaleur. Puis on roule une quinzaine de minutes jusqu’à notre premier arrêt : Twenty Mule Canyon. Pour y accéder, on emprunte un chemin blanc recouvert de cailloux, et des nuages de poussière se soulèvent à notre passage. Le sentier serpente entre les reliefs du canyon et ça secoue ! On s’arrête sur le côté, on saute de la voiture, casquettes et chapeaux sur la tête, pour escalader les montagnes de roche aux couleurs claires et intenses. Je regrette vraiment d’avoir oublié les lunettes de soleil. haut, la vue est à couper le souffle ! Les tons ocre, beiges et marron se mélangent. Les pics des sommets se distinguent du reste de la roche qui forme des ondulations tel le sable foulé par le vent. Au loin, on peut apercevoir le reste de la vallée, et la couche de sel qui s’est formée sur le sol.

Zabriskie Point

On reprend la voiture pour rejoindre Zabriskie Point, un point de vue en hauteur surplombant la vallée, à quelques kilomètres de là. Le paysage similaire à Twenty Mule Canyon est tout de même un peu moins blanc. Mais les crêtes et sillons de la roche sont accentués, créant ainsi un relief sculpté surprenant. On aperçoit au loin des randonneurs arpenter les hauteurs du paysage. Malheureusement, le temps nous manque déjà, alors on continue notre visite.

Furnace Creek Ranch

En remontant vers le nord, toujours en voiture, on passe par Furnace Creek Ranch, une oasis avec un hôtel qui possède tout de même une piscine et un terrain de golf, un general store, une poste, et le visitor center. C’est tout petit et ça rappelle les décors de Western, avec des palmiers en plus. Le Borax Museum, une vieille petite cabine en bois, retrace l’histoire des hommes qui travaillaient dans la vallée entre 1883 et 1888 pour exploiter le borax. A l’extérieur, dans la cour du musée, sont exposés les chariots qui, à l’époque, étaient tirés par des mules pour transporter le borax jusqu’au chemin de fer de Mojave, à 265 kilomètres de là…   

Dans la partie extérieure du musée, on fait une rencontre plutôt improbable. Frank, originaire de Carmel, California, nous raconte comment il a rencontré Gérard Depardieu ici, lors d’un tournage. Il évoque aussi ses voyages un peu partout dans le monde, surtout en France. Je m’attends à ce qu’il nous parle de Paris, Nice ou Saint-Tropez. Mais Frank fait dans l’originalité et l’exception… Il a visité La Rochelle, Cognac et même fait du bateau sur la Charente. Il fallait venir ici, en plein désert, pour rencontrer Frank ! Mais le temps passe et après une bonne heure de conversation, il est temps pour nous de continuer !

Salt Creek Interpretive Trail

On reprend la voiture pour aller au Salt Creek Interpretive Trail, un ponton en bois aménagé le long d’un minuscule ruisseau où s’agitent des centaines de pupfish, une espèce en voie de disparition. Des poisson en plein désert… je n’en reviens pas ! Le cours d’eau n’est profond que de quelques centimètres et d’ici à la fin du printemps, la sécheresse aura repris ses droits, ne laissant qu’un lit de rivière sec et craquelé.

Mesquite Flat Sand Dunes

Il est déjà 17h30 lorsqu’on arrive à Mesquite Flat Sand Dunes. On remplit nos bouteilles d’eau et on s’avance en direction des dunes. Nos pas s’impriment dans le sable chaud. On escalade les dunes pour mieux les dévaler ensuite. On aimerait se rouler dans le sable, mais on ne sait pas ce qui se cache là-dessous ! On se contente d’y inscrire fièrement nos prénoms qui, plus tard, seront balayés par le vent. Dans le sable, on aperçoit des empreintes d’animaux, signe de la vie sauvage ici. Des arbustes, des buissons et des branches ont même poussé sur les dunes ! La faune et la flore ne sont jamais loin dans la vallée… Le paysage est magique.

Un buisson de créosote dans les dunes de sable.

Badwater Basin

A contrecoeur, on rebrousse chemin pour rejoindre Badwater Basin, notre dernière visite. La vallée est tellement grande qu’il nous faut une quarantaine de minutes pour y arriver. En plus d’être un désert de sel, Badwater est le point le plus bas de l’Amérique du Nord (85,5 mètres sous le niveau de la mer). Les pluies torrentielles qui y tombent pendant l’année recouvrent le sol d’une fine épaisseur d’eau. Cette eau, qui s’évapore rapidement, permet ensuite la formation de cristaux de sel.

Le signe sur la roche (sur la partie centrale supérieure de la photo) indique le niveau de la mer !

On se dirige vers le bassin en empruntant l’allée de sel polie par le piétinement des visiteurs. De chaque côté du chemin, le sel s’est mélangé à la boue pour former un relief irrégulier et parfois tranchant.

A cette période de l'année, il reste encore de l’eau salée par endroit, mais plus pour très longtemps.

Quand on arrive enfin au bout, le blanc domine tout autour de nous, le sol de la vallée est recouvert de cristaux. On marche encore plus loin, pour voir de plus près du sel qui n’aurait pas été foulé. Mais le désert est un leurre… Ce qui nous semble être près, est en réalité à des kilomètres ! On s’éloigne légèrement du centre du bassin, sur les côtés, où les cristaux de sel se font plus épais. La texture est rugueuse et le sol blanc craque sous nos pieds.

Devant nous, le soleil se couche et se reflète sur la vallée. Les couleurs de la roche et le blanc du sel se sont intensifiés. C’est grandiose ! Mais il est temps pour nous de faire demi-tour. On laisse derrière nous le soleil qui disparaîtra bientôt, caché par les montagnes rocheuses, plongeant ainsi la vallée dans l’obscurité.

Depuis le bassin de sel, le signe sur la falaise et le parking sont à peine visibles. On se sent minuscule ici !
Le coucher de soleil accentue la démarcation entre l'allée de sel lissée et le relief formé par le mélange de boue et de cristaux de chaque côté.
Le bassin est à peine perceptible ici. On le distingue par la présence d'une fine ligne blanche au bout de l'allée de sel, au-dessous des montagnes.

Artist’s Palette

Sur le chemin du retour, on emprunte Artist drive, une route à sens unique, pour s’arrêter à la palette de l’artiste. Il fait presque nuit mais on distingue encore les couleurs pastels de la pierre.  

La nuit est tombée lorsqu’on rentre. Il n’y a aucune lumière, et la route est sinueuse et imprévisible. On se sent enfin seul et loin de tout. Les autres touristes ont disparu et je n’ai aucune envie de partir. J’y planterais bien une tente pour y passer la nuit !

Les paysages qu’on a vu tout au long de la journée nous ont transporté ailleurs. Et pourtant, on a vu qu’une minuscule partie de la vallée, “les basiques” du parc, les points faciles d’accès. Nous n’étions donc jamais seuls. Et la voiture ne nous a presque pas quitté, tant l’immensité des lieux nous obligeait à conduire la moitié du temps. J’imagine l’expérience que cela doit être de visiter les coins les plus reclus de la vallée, de se sentir à la fois en liberté et isolé de tout.

Mais, même si le temps nous a clairement manqué, voir une telle diversité de paysages en un seul et même lieu est complètement surréaliste ! Passer du canyon aux ruisseaux, puis aux dunes de sable et au désert de sel… Splendide et impressionnant.

 

Quelques petites notes sur la vallée et notre visite

 

  • La vallée forme une cuvette, de 225 kilomètres de long sur 8 à 24 kilomètres de large, encadrée par deux chaînes de montagnes : Amargosa Range à l’Est et Panamint Range à l’Ouest. On a conduit à peu près 3h dans la vallée. Et on en a vu qu’une toute petite partie…

 

  • On a visité la vallée le dimanche 9 avril et il ne faisait que 28°C. Mais l’été, il y fait en moyenne 45°C, et l’ombre y est très rare… La température la plus chaude enregistrée sur place s’élevait à 56,7°C en 1913. 

 

  • Si la vallée est si sèche et brûlante, c’est parce que les précipitations et nuages venus de l’océan Pacifique sont “arrêtés” par 3 chaînes de montagnes à l’Ouest, dont la Sierra Nevada.

 

  • Avant de partir, on a acheté 6 bidons d’eau (environ 6 gallons soit 22 litres) : un par personne + 1 de secours ! On en a bu à peine la moitié puisqu’on a eu la chance d’avoir un temps agréable.  

 

  • C’est là-bas, à Racetrack Playa, un lac asséché, que réside l’énigme des immenses rochers qui se déplacent sur le sol en laissant des traces. Personne ne les a jamais vu en mouvement. Plusieurs scientifiques ont avancé des explications en évoquant un sol glissant après la pluie, l’action du vent… J’en avais vaguement entendu parler avant d’y aller, et c’est sur la liste pour notre prochaine visite dans le parc !

 

  • La vallée offre un tas de paysages différents : des canyons, des montagnes, un cratère volcanique, des villes fantômes, des mines et galeries abandonnées, des dunes de sable, des déserts de sel, des plaines, des ruisseaux et même des chutes d’eau !

  

  • Et enfin, un résumé trop condensé de la formation de la vallée. A l’origine, ce désert n’existait pas puisqu’il y avait la mer. Des volcans ont ensuite repoussé l’eau, créant ainsi des chaînes de montagnes rocheuses qui se sont progressivement écartées. Avec la fonte des glaces, un bassin s’est créé au milieu de la cuvette. Mais, il y a 2000 ans, quand le climat de la terre s’est réchauffé, le lac Manly a disparu rapidement en s’évaporant, laissant place à la vallée telle qu’on la connaît aujourd’hui ! La vallée est en perpétuelle évolution. Et ce processus de changement n’est pas terminé car le plancher de Badwater s’enfonce chaque année de quelques millimètres. Et même si le fond de la vallée prend de l’épaisseur avec les alluvions arrachés aux montagnes alentours, la vallée s’abaisse plus vite que les sédiments ne s’y accumulent !
Julie:
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