Le 11 mai 2014, j’ai hâte de retrouver New York. J’ai la sensation que les choses ont changé mais je n’en suis pas encore certaine. Dans quelques heures, j’y serai à nouveau et je verrai alors si mon intuition est la bonne.
Le trajet est encore plus long que le premier, même si, cette fois, nous nous trouvons déjà aux Etats-Unis. Dans un mois à peine, nous quittons le pays. Nous pensons revenir en septembre avec nos nouveaux visas mais rien n’est encore sûr. Avant notre départ, on voyage donc une dernière fois. On a hésité, mais Miami et les Bahamas n’ont pas pesé lourd dans la balance. Pour diminuer les dépenses, on s’est décidé pour un vol avec une compagnie low cost jusqu’à Newport, Delaware, puis un trajet en bus de deux heures le lendemain pour finalement atteindre New York.
A notre arrivée à Newport, je regrette déjà notre choix. La cafétéria ouverte aux seules heures de repas et les cartes de taxis punaisées sur un panneau en liège me font penser que c’était une mauvaise idée. L’hôtel où nous passons la nuit ne m’inspire pas non plus. Le lendemain, étrangement, le bus me rassure. Je m’attendais à pire : des voyageurs un peu bizarres, qui traversent le pays en enchaînant les bus, sans prendre de douche pendant des jours. Le trajet est incroyablement rapide et l’arrivée à New York par le New Jersey, magique. Les gratte-ciel se dessinent peu à peu au loin. Plus on avance, plus Manhattan s’impose à nous. Mais si l’arrivée est surprenante, une fois dehors, ma perception est déjà différente.
Cette fois, nous avons huit jours devant nous, huit jours durant lesquels nous découvrons New York à travers des yeux nouveaux. Je délaisse ma vision d’enfant éblouie pour appréhender cette jungle de béton d’une autre façon. Nous nous arrêtons sur ce que nous n’avions pas vu la première fois. Mais en réalité, nous voyons surtout les choses différemment. Car même les lieux que nous connaissons déjà ont une facette différente de celle que nous avions perçue lors du premier voyage.
Rien n’a vraiment changé là-bas. C’est mon regard qui n’est plus le même. Je n’observe plus NYC le nez en l’air. J’ouvre les yeux et je vois des individus courir partout. Le mouvement ne s’arrête jamais. Dans les rues, les locaux sont souvent pressés, vous pouvez vous y promener en pyjama, personne ne le remarquera. Sur la 5eme avenue, on s’affaire, mais toujours en prenant garde à ne pas bousculer. Au milieu de cette agitation, on croise un vieux monsieur, calme et rassurant. Il s’immobilise lorsque le flot semble l’oppresser. Il reste planté là, les yeux fermés, dépassé par la foule qui avance vers lui d’un pas décidé. Un instant plus tard, il rouvre les yeux. Le voilà déjà reparti, le sourire aux lèvres comme si le temps reprenait sa course. Je réalise alors que ce que je prenais au début pour de la tolérance est teintée d’une grande part d’indifférence. Les gens sont tellement occupés qu’ils ne font plus attention à ce qui les entoure. Même dans une grande ville comme celle-ci, je trouve cela tellement dommage.
Et puis il y a les endroits plus calmes, que je préfère maintenant : Greenwich Village, Central Park, la High Line, South Cove Park… Je retrouve à New York ce qui m’avait plu la première fois et qui me plaît encore plus aujourd’hui. Ces coins de verdure et de détente au milieu de cette effervescence citadine. Les lieux touristiques ne m’intéressent plus. Je m’en lasse et je ne leur trouve aucun charme. Alors je préfère marcher des heures dans des quartiers plus calmes, pour découvrir des lieux inattendus. Chaque quartier a une atmosphère et un style différent. A Greenwich, c’est chic, un poil bohème et un peu étroit. Les rues ne sont plus quadrillées et numérotées comme partout ailleurs à New York. Ce qu’on appelle The Village me rappelle un peu la France pour son allure de petite bourgade paisible et Brooklyn pour ses brownstone (les maisons en briques rouges).
South Cove Park avec sa promenade au bord de l’eau :
Robert F. Wagner Jr Park, au sud de South Cove Park, et au nord de Battery Park :
La vue que je préfère sur New York est celle depuis DUMBO près du Jane Carousel du côté de Brooklyn :
Il y a aussi cette vue trouvée par hasard dans une station de métro de Brooklyn :
Quand on marche dans les rues de New York, j’ai comme l’impression qu’on va tomber sur des trésors cachés au fil de nos balades. New York c’est une infinité de possibilités et de lieux auxquels on ne s’attend pas dans une ville comme celle-ci. Le Verrazano Bridge dans le quartier résidentiel de Bay Ridge me fascine, le cimetière Greenwood me laisse sans voix, l’île Roosevelt à moitié abandonnée me déconcerte et la plage à Coney Island me fait sourire.
A la fin de ces huit jours, New York reste toujours fascinante. Indifférence ou tolérance, les gens m’apparaissent toujours chaleureux et ouverts. Les lieux touristiques ne m’attirent plus. Times Square me fait fuir. Trop de monde, trop de bruit, trop de lumières. Je n’y ressens plus rien. J’aime toujours autant visiter les quartiers sans but, et découvrir de petits trésors ici et là. La skyline de New York reste magique de nuit. Le charme de l’Empire State building opère encore.
Mais je n’aime pas cette disparité qui pue dans la rue. L’argent m’écoeure et j’ai mal pour ces sans abris et ces ouvriers qui travaillent sans relâche. Impossible de les ignorer quand je marche dans la rue. Impossible de ne pas culpabiliser d’être ici, heureuse, pendant qu’eux, crèvent de faim ou se tuent à la tâche pour survivre… Là-bas, pas de juste milieux. Je suis partagée entre les paillettes de New York et son côté plus sombre et authentique.