Après une première visite de New York en mai 2012 et une deuxième en mai 2014, j’avais bon espoir que la troisième se ferait sous la neige, en la période des fêtes de fin d’année. Les téléfilms que je regardais, enfant, m’ont laissée ce doux goût de magie de Noël dans les rues enneigées de Manhattan. La perspective d’un Noël à New York se dessinait donc peu à peu dans mon esprit. Puis il y a eu ce mariage, prévu à la fin du mois de mai dans la jolie petite ville d’Hudson. Avec Rémy, nous étions super contents d’y aller et comme New York ne se trouve qu’à deux heures de route, c’était l’occasion de s’y arrêter. Nous y avons donc fait un petit détour, toujours et encore en mai. Comme le dit le proverbe, jamais deux sans trois !
Samedi, jour du départ, on court pour ne pas arriver en retard au mariage. C’est une de ces journées où on doit enchaîner les moyens de transport, en croisant les doigts pour qu’aucun contretemps ne vienne bouleverser nos plans. Taxi, avion, shuttle, voiture de location… Le voyage est fatiguant mais je ne compte pas non plus sur les prochains jours à New York pour me reposer.
Quand l’avion commence sa descente vers La Guardia, j’imite mon voisin qui regarde à travers le hublot. C’est la première fois que je vois la ville d’aussi haut avec un ciel sans brouillard. Avant même de réaliser que nous sommes sur le point d’atterrir à New York, les frissons m’envahissent. De mes yeux humides et brillants, je repère la One world trade et l’Empire State building, le sourire aux lèvres. C’est magique. J’ai comme l’impression de retrouver un vieil ami que je n’ai pas vu depuis deux ans.
Une fois dans la voiture, en route pour Hudson, j’ai du mal à me concentrer sur l’itinéraire alors qu’on traverse le Bronx que je découvre pour la première fois. Rémy commence à perdre patience, mon job de copilote laissant à désirer. C’est la dernière image que j’ai de New York avant de revenir le lendemain : une vision des tours du Bronx laissées à l’abandon…
Le lendemain, dimanche, on court (encore) pour rendre la voiture à midi à La Guardia. On arrive de justesse, à 11h58. Un passage au Airbnb, une micro sieste et nous voilà sur la 34eme, avec au loin le bel Empire State Building. Quand je regarde son sommet, je suis toujours impressionnée. Autrefois le plus haut gratte-ciel de New York, il reste aujourd’hui pour moi le symbole de la ville. Fier et majestueux, il me fait penser à un vieux monsieur qui veillerait sur la ville de l’empire State de son regard bienfaisant. Toujours là, quatre-vingt-cinq ans après sa première pierre, il me rassure.
J’aime avoir une idée de la première chose que je veux faire en arrivant à New York. Une promenade, une visite, une odeur, un bruit, un petit quelque chose qui me rappelle que je suis bien à New York. L’après-midi, quand on arrive, j’hésite entre Central Park et La High Line. Des lieux que je connais déjà mais que j’adore. Il fait beau, le ciel est dégagé et j’ai envie de marcher des heures, comme pour m’imprégner de New York. Il y a des quartiers que j’aimerais découvrir davantage, comme Williamsburg, mais l’envie de retrouver ce que je connais déjà est plus forte. Chaque visite me rappelle un sentiment, une émotion. La plénitude pour Central Park, la légèreté pour Greenwich Village et l’étonnement pour la High Line. Et même si ces lieux ne me sont plus inconnus aujourd’hui, ils ont toujours de quoi me surprendre. Pour longtemps encore, j’en suis certaine.
On se décide finalement pour la High Line. Cette ancienne ligne de chemin de fer transformée en parc est déconcertante. Sa hauteur nous permet d’entrevoir les “coulisses” de New York sur une vingtaine de rues. Elle ne nous montre pas que les plus jolies façades de la ville et les bâtiments d’architecture moderne. Il y a des immeubles abîmés, plus anciens et moins jolis. Mais c’est ce contraste que j’aime. Et les passerelles, plus ou moins étroites, remplies de verdure et de fleurs, qui s’infiltrent dans cette jungle de béton.
Cette ville, il faut la vivre pleinement et se laisser transporter par son rythme infernal. Elle me fatigue à chaque voyage mais je l’aime quand-même. Elle pue souvent, et encore plus quand il fait chaud et que les odeurs se font plus fortes. Elle est bruyante et criarde mais elle est magique. On s’y sent libre et assez étrangement, en sécurité. On s’y sent bien, tout simplement.
MAIS. Après deux ans de quotidien à Atlanta, je vois les choses différemment.
New York devient moins chaleureux. A notre arrivée à Atlanta, j’ai été surprise par la bonne humeur des gens du sud. Même si c’est agréable, j’ai du mal à m’y habituer, et je passe souvent pour une sauvage. Ici, on prend le temps de vivre, et c’est tellement bon. Dehors, je souris chaque fois que j’entends une blague suivie d’éclats de rire (même si je n’ai pas compris). L’accent qui, souvent, me rend folle me donne l’impression d’entendre chanter. A New York, tout va très vite et il y a beaucoup d’indifférence.
New York devient plus gris. Avant, les gratte-ciel me faisaient rêver. Je n’étais pas réellement impressionnée mais j’aimais simplement leur grandeur. Aujourd’hui, je préfère lever la tête pour voir un joli ciel bleu.
New York devient plus stressant. Les gens courent partout, le rythme de vie me fait peur. La vie y est chère. C’est drôle car j’ai l’impression que beaucoup d’américains aiment New York mais n’y vivraient pas pour autant. Vivre dans une grande ville américaine comme Atlanta, avec un tas d’opportunités et des loyers qui n’atteignent pas des sommets, c’est plutôt agréable.
New York devient moins fou. Lors de notre premier voyage à New York, je ne voyais que son immensité et ses symboles. Je ne connaissais aucune autre ville aux Etats-Unis. La culture américaine me fascinait. Depuis, on a pris nos marques ici et je m’aperçois que ces choses que je ne pensais possibles qu’à New York, le sont aussi partout ailleurs dans ce pays.
Et puis, on a aussi voyagé dans le pays. Chaque coin a un petit quelque chose qui me fait rêver. Et les paysages me paraissent invraisemblables. La nature est chouette tout de même. Tous ces canyons, ces lacs, ces montagnes, ces étendues désertiques… A côté, les buildings me paraissent fades.
New York devient moins immense. Je n’aurai jamais cru penser cela un jour, mais je trouve que les rues y sont parfois petites. Les gratte-ciel, eux par contre, n’ont pas bougés !
New York me paraît aujourd’hui différent mais rien n’a vraiment changé pour autant. Les choses m’apparaissent plus nuancées qu’elles ne l’étaient en 2012. Ma vision idéale de New York est désormais teintée d’un “mais”. Quatre ans en arrière, New York me faisait vibrer alors qu’aujourd’hui, elle m’apaise. Ce ne sont plus ses gratte-ciels qui m’attirent. C’est une ville que j’aime retrouver de temps en temps car je m’y sens à ma place. Ce sentiment singulier de bien être, de souvenirs heureux et de rêve accompli m’envahit dès l’instant où j’y mets les pieds. J’aime son énergie et son rythme. On s’y sent comme nul part ailleurs. J’aime y passer quelques jours. Parce que même si cette ville m’épuise, elle me donne à chaque visite la larme à l’oeil. Elle me fait me sentir vivante et me rappelle à mes rêves.
Mais qu’est-ce qu’on est bien aussi à Atlanta…
See you soon New York!